Cloud : combler les trous des SLA et réduire les risques

Pierre-Alexandre MAS
10/16/2025

Cloud : combler les trous des SLA et réduire les risques

(inspiré d’une lecture ComputerWeekly – Security Think Tank)

 

Chaque directeur général, chaque DSI, chaque directeur de la transformation entend parler du cloud comme d’un eldorado : agilité, montée en charge, économie de capex, externalisation de l’infrastructure. Pour beaucoup, migrer vers le cloud est presque devenu une obligation pour rester “dans la course numérique”.

 

Mais il y a un talon d’Achille que beaucoup sous-estiment : les SLA (Service Level Agreements) proposés par les fournisseurs cloud ne couvrent pas toujours tous les risques que l’entreprise anticipe. Et ces “trous” de responsabilité, de couverture ou de performance peuvent générer de sérieux dégâts — en image, en continuité, en coût latent.

 

Dans l’un des rapports du Security Think Tank de ComputerWeekly, on explore comment l’écart entre les SLA “officiels” et les besoins réels de l’entreprise peut devenir un point de vulnérabilité stratégique. Le défi est de combler ce delta entre ce que le fournisseur promet et ce que l’entreprise exige réellement — non pas simplement par la négociation, mais par une démarche structurée de maîtrise du risque.

 

Les fissures typiques dans les SLA “cloud” : ce qu’on observe sur le terrain

Pour rendre ce sujet concret, voici les failles que nous rencontrons régulièrement dans les contrats cloud — et qui se révèlent souvent au pire moment :

  1. Disponibilité “optimiste” vs réalité métier
    Les fournisseurs annoncent 99,9 % ou 99,95 % de disponibilité. Sur le papier, cela paraît excellent. Mais dans les faits, cela représente plus de 8 heures d’arrêt par an, soit parfois la durée d’une panne unique. Pour un service critique, c’est inacceptable.

  2. Temps de rétablissement flou ou inapplicable
    Les SLA précisent rarement un vrai Recovery Time Objective (RTO). Le texte se contente d’un engagement générique (“le service sera restauré dès que possible”), sans précision sur le périmètre, les priorités ou les paliers d’escalade.

  3. Réponse aux incidents ambiguë
    Certains SLA indiquent un “temps de réponse” sous 1 heure, mais cette réponse se limite souvent à un simple accusé de réception. Entre la détection, la qualification et l’action réelle, des heures s’écoulent.

  4. Clauses d’exclusion trop larges
    “Force majeure”, “maintenance planifiée”, “acte de tiers”, “conditions climatiques extrêmes”… Autant d’exceptions qui, mises bout à bout, vident parfois le SLA de sa substance.

  5. Responsabilité financière symbolique
    Même lorsque le fournisseur reconnaît sa faute, les pénalités sont plafonnées : souvent quelques pourcents du montant mensuel facturé. Rien à voir avec les pertes réelles subies par le client.

  6. Effet domino entre couches technologiques
    Un SaaS dépend d’un PaaS, lui-même hébergé sur un IaaS. Une panne en amont peut faire s’effondrer toute la chaîne, sans que le fournisseur principal ne soit tenu pour responsable.

  7. Absence de garantie sur les performances dégradées
    La plupart des SLA se limitent à un indicateur “up / down”, ignorant les périodes où le service reste disponible mais inutilisable à cause d’une latence excessive.

  8. Manque de garanties sur la sécurité et la conformité
    Beaucoup de SLA parlent de disponibilité, rarement de protection. Or la confidentialité, la traçabilité ou la localisation des données sont tout aussi vitales pour la continuité d’activité.

Quand le cloud flanche : des incidents qui rappellent la réalité

Ces failles contractuelles deviennent tangibles lorsqu’une panne survient.

 

En décembre 2021, Amazon Web Services a connu trois pannes majeures en quinze jours. La plus sévère, le 7 décembre, a paralysé Netflix, Disney+, Slack, Robinhood et même la logistique interne d’Amazon pendant plus de sept heures. Un simple changement de configuration réseau dans une région a suffi à déclencher un effet domino mondial. Résultat : des pertes de productivité colossales, des services critiques inaccessibles, et un rappel brutal que 99,99 % de disponibilité ne veut rien dire quand la panne tombe le jour où vos clients attendent le plus de vous.

 

Le 25 janvier 2023, c’est Microsoft Azure qui a subi une panne mondiale à cause d’une erreur de configuration sur son réseau central. Des millions d’utilisateurs de Teams et Outlook ont été coupés du monde pendant plusieurs heures. Microsoft a communiqué vite, mais les SLA ne prévoyaient que des crédits de service, très loin des pertes réelles : réunions annulées, ventes suspendues, projets reportés.

 

Google Cloud, lui, a été victime de la nature : la canicule de juillet 2022 à Londres a mis hors service plusieurs datacenters pendant plusieurs heures, les systèmes de refroidissement n’ayant pas tenu. Des entreprises hébergées en Europe ont subi des interruptions totales de leurs services, et la réponse du fournisseur s’est limitée à quelques messages laconiques et une promesse d’investissements futurs dans le refroidissement.

 

Enfin, en mars 2021, OVHcloud a vu son datacenter de Strasbourg partir en fumée : 3,6 millions de sites hors ligne, dont des portails publics et des banques. Certains clients ont perdu définitivement leurs données. L’incident, malgré une communication exemplaire, a illustré une vérité : aucun SLA, même européen, ne couvre une perte physique totale.

 

Selon Gartner et IDC, le coût moyen d’une heure d’indisponibilité dépasse 300 000 € pour une grande entreprise. L’ITIC estime que 98 % des organisations perdent plus de 100 000 $ par heure de panne, et certaines jusqu’à 9 000 $ par minute. Les dommages vont bien au-delà des chiffres : selon Forrester, 87 % des clients changent de fournisseur après une mauvaise expérience numérique.

 

La méthode pour combler les trous

1. Identifier les écarts entre besoin métier et promesse fournisseur.
C’est la base : confronter la criticité métier de chaque service aux engagements réels du SLA. Cela permet de prioriser les zones à sécuriser.

2. Construire une architecture de compensation.
Multi-cloud, réplication, redondance géographique, sauvegardes indépendantes. La résilience ne se signe pas, elle se construit.

3. Négocier intelligemment les clauses.
Un SLA bien rédigé peut inclure des délais d’escalade, des rapports d’incident obligatoires, des pénalités proportionnées à l’impact et, surtout, un droit d’audit.

4. Mesurer et réviser régulièrement.
Un SLA n’est pas une garantie statique : il doit être revu au rythme de l’évolution du business et des technologies.

 

Comment TransiCIO transforme la promesse en réalité

Chez TransiCIO, nous accompagnons les dirigeants dans la gouvernance du risque cloud :

  • audit des SLA existants et identification des zones à risque,

  • conception d’architectures de résilience multi-cloud,

  • assistance à la négociation et à la rédaction des engagements,

  • mise en place d’outils de supervision indépendants,

  • pilotage continu de la performance et des écarts.

Notre approche repose sur un principe simple : un bon SLA n’est pas un texte, c’est un système vivant. Il se mesure, s’ajuste et se pilote.

 

En conclusion

Les SLA ne sont pas des boucliers, mais des lignes de départ. Ce qui protège une entreprise, ce n’est pas la promesse d’un fournisseur, mais sa propre capacité à anticiper, surveiller et rebondir.

 

Les pannes d’AWS, Azure, Google ou OVH ont montré que même les géants peuvent tomber. La différence, c’est que certains clients tombent avec eux… et d’autres continuent à servir leurs utilisateurs sans interruption.

 

chez TransiCIO, nous faisons de la confiance numérique un actif mesurable, pas un espoir contractuel.

 

Contactez-nous via notre page LinkedIn ou le formulaire de contact.

 

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